Joffrey Lebourg : « la littérature fantastique est devenue populaire »

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Âgé de seulement 25 ans, Joffrey Lebourg a déjà quelques romans à son actif, puisqu’il vient de publier son neuvième roman. Intitulé » « La Bouche de l’Enfer », il s’agit du deuxième volume d’une série de sept tomes, « les 7 Reliques ». Celui-ci nous emmène dans un dédale de territoire surprenants, mettant aux prises des êtres de diverses natures : nains, elfes ou encore hommes-ratels, sur la route de leur combat avec le monstrueux Entropia. Notre imaginaire est ainsi invité à suivre la quête de Cordélia et ses compagnons, vers la deuxième Relique.

Afin d’en savoir plus sur son parcours et sa vision de la littérature fantastique, nous avons posé rencontré le jeune auteur.

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Quel est le parcours qui vous a amené à écrire ?

J’ai toujours été un lecteur, avant d’être un auteur. J’ai une grande imagination depuis que je suis très jeune, je me suis toujours inventé des petites histoires et des personnages, tout au long de ma vie. A l’âge de 11 ans, j’ai fait la bascule de commencer à prendre des notes, pour ne pas oublier mes histoires. ça a commencé comme un aide-mémoire pour jouer, et petit à petit, je me suis dit « tiens, si je commençais à écrire un livre ». C’était pour moi, je ne pensais pas à être publié, c’était le défi de voir si j’arriverais à faire un scénario qui tienne debout. Et petit à petit, je me suis pris au jeu, j’ai commencé à développer tout un univers, avec plusieurs séries. Pour en arriver aujourd’hui à ce neuvième roman publié, qui est le deuxième d’une série en 7 tomes, les 7 reliques.

En ce qui concerne la suite de cette série, est-ce que vous avez déjà une structure assez précise, ou vous faites les choses vraiment très progressivement ?

Le scénario global est déjà plutôt bien dessiné. Après, plus les tomes sont lointains dans l’histoire et moins c’est précis. La fin de l’histoire est encore susceptible d’être modifiée mais j’ai un cap, et je sais où mes personnages vont aller.

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Les compagnons traversent de nombreux mondes, quelle est l’organisation nécessaire pour ne pas s’y perdre ?

Par rapport à ce que j’ai pu faire avant, c’est une série qui est vraiment beaucoup plus organisée. Cela m’a demandé un énorme travail préparatoire, pour concevoir chaque tome, qui correspond à un continent. Le continent de l’Aridéa dans ce tome, avec sa carte, les différentes régions et peuples qu’il y a dedans, et les éléments culturels. Le fait de ne faire qu’un continent par tome peut me permettre de ne pas m’emmêler avec d’autres. Ce continent là du deuxième tome – l’Aridéa – est divisé entre savane, désert et région volcanique. Après, la progression est assez linéaire.

Comment avez-vous réussi à vous faire éditer ?

Le monde éditorial est assez fermé aujourd’hui malheureusement. Il y a de plus en plus de personnes qui produisent des manuscrits, et les éditeurs ne sont plus aussi aventureux qu’avant je crois, ils prennent moins de risques. C’est très compliqué de se faire éditer par un éditeur sérieux, et pour débuter dans le métier, il y a vraiment deux solutions. D’une part l’auto-édition, mais il faut vraiment tout faire tout seul : la mise en page, le graphisme, voir avec un imprimeur indépendant, ou par exemple via les services d’impression d’Amazon ou Kindle. Cela permet de couvrir une large distribution. Et dans ce cas de l’auto-édition, la communication est gérée par l’auteur. Sinon, il y a des éditions à compte d’auteur, qui vont proposer une partie de cela contre de l’argent. Certaines sont honnêtes et beaucoup ne le sont pas, donc je ne conseillerais pas forcément cette voie là. Moi j’ai commencé comme ça car je ne connaissais pas du tout le milieu éditorial. Mais ça a eu au moins l’avantage de me permettre de faire des salons rapidement, et de mettre un pied dans le milieu des salons et de l’éditorial. Et depuis je suis publié à compte d’éditeur.

De nombreuses personnes envoient des manuscrits aux éditeurs, mais le milieu de l’édition n’est peut-être pas très ouvert, parfois élitiste ?

Les maisons d’édition sont toutes assez frileuses. Et le côté élitiste vient en plus pour la littérature dite de genre, comme ce que je fais moi. Ou ce qui va être du polar ou encore de la poésie. Et rien que sur le genre de la fantaisie fantastique, on a trente ou quarante ans de retard sur les anglo-saxons. Le marché en français commence à peine à émerger.

Comment vous l’expliquez, ce retard?

Il est vrai que les pères du genre sont britanniques. Cela a aussi été importé des Etats-Unis, car ils savent mettre les moyens pour faire des effets de mode. Donc dès les années 60, le Seigneur des anneaux, qui était sur les campus universitaires. Et il était interdit pendant une époque, les étudiants le lisaient en cachette, car il était jugé que c’était pas d’assez bon ton pour les grandes universités. Les étudiants se le passaient en cachette. Et finalement, il y a eu une reconnaissance du genre de la fantasy, qui a produit une sorte d’émulation. Et aujourd’hui il y a énormément de livres dans nos librairies, qui sont des traductions d’auteurs anglais ou américains, puisque ce sont eux qui produisent le plus. Et en France, on commence à avoir également quelques auteurs qui produisent bien, mais ils sont moins connus, parce que victimes d’un système éditorial qui est encore frileux.

Et vous publiez désormais chez la maison d’édition « Des auteurs des livres », c’est cela ? 

C’est une maison d’édition qui ne faisait pas de fantastique mais de la littérature généraliste. Elle a voulu s’ouvrir sur de nouveaux domaines parce qu’elle voyait que cette littérature commençait à prendre de l’ampleur.

Est-ce que vous faites la distinction entre le genre fantastique et la fantasy ?

Pas vraiment. Il n’y a pas de définition officielle qui sépare le fantastique de la fantasy. Ce sont des genres de littérature de l’imaginaire qui sont quand même très proches. Et aujourd’hui, c’est vraiment une littérature qui est devenue populaire, dans le sens noble du terme. C’est accessible à tout le monde, très répandu parmi de plus en plus de générations. On a tendance à penser que c’est uniquement destiné à la jeunesse mais ce n’est pas vrai, puisque quand on y réfléchit, l’adaptation en film du Seigneur des anneaux ou de Harry Potter, ça date maintenant de 20, 25 ans.

On peut faire une comparaison avec les jeux vidéo, où on voit le même phénomène ?

Aussi, c’est vrai qu’il y a de vieux jeux vidéo comme « the legend of Zelda », c’est 85 ou 87 je crois, et on est en plein dans l’heroic fantasy. Il a lui-même été inspiré par le premier grand film fantastique, « Legend » de Ridley Scott, en 1985 je crois. Les gens qui ont vu ces choses là à l’époque, aujourd’hui ils ont dans les 50 ou 55 ans peut-être, et certains ont continué à cultiver leur intérêt pour le fantastique. Donc quand je suis en salon, fréquemment des personnes me disent: « d’accord, je l’achète pour mon jeune ou mon ado, mais je vais le lire aussi, ça m’intéresse. » Donc ça devient de plus en plus pan-générationnel, il n’y a vraiment que le troisième âge qui n’est pas forcément touché par les vibrations fantastiques.

A plusieurs moments, dans le roman, on peut remarquer que Cordelia et Amber s’incitent l’une l’autre à ne pas se dévaloriser. Est-ce que vous avez voulu donner une dimension féministe à ces personnages ?

Oui, à ma manière j’essaye de me montrer féministe. C’est encore plus saillant dans le premier roman où pendant un long moment, il n’y a que les trois personnages féminins de Cordelia, Amber et Louane. Elles sont rejointes à la fin du premier tome par Liam, et il y a un nouveau personnage masculin dans ce tome 2. Mais même quand il y a des personnages masculins, on est vraiment centré sur ce trio de femmes, chacune à leur tour. Et j’essaye de faire des personnages avec des personnalités contrastées.

(Fin)

Avec « La Bouche de l’Enfer », Joffrey Lebourg propose un nouvel épisode d’une saga au long cours, qui ravira sans doute les amateurs d’univers enchanteurs et de joutes héroïques.Avec des personnages hauts en couleur, aux caractères décrits avec précision.